A ceux qui osent se draper
En Chartreuse de brumes nimbées
Et qui aiment se perdre enfin
Pour mieux se retrouver, sereins,
A ciel ouvert pommelé gris…
A ceux qui empruntent les routes
Du désert sans se retourner
Et qui aiment rythmer leurs pas
En marche du silence, là-bas,
A cœur perdu perlé de gris…
A ceux qui écoutent l’écho
En forêt résonner de mots,
Qui aiment transformer en bulles
Les bruits de la vallée, crédules,
A claire voix nue vert de gris…
A ceux qui font danser leurs hanches
Poudrés de neige par les branches,
Qui aiment balancer leurs corps
Lâchant prise par tous les pores,
Sur fond de Dame Nature en gris…
A ceux qui chantent les louanges
Du temps passé avec les anges,
Qui aiment sourire au mystère
Parfumé de liqueur amère,
En robe de bure, ambre gris…
A ceux qui parlent aux étoiles
La langue blanche de la voile,
Qui aiment changer en flocons
Le monde des chartreux, Orion,
Sur terre de poussière grise…
A ceux qui guettent au crépuscule
Les traces du lynx funambule,
Qui aiment sentir sur leur peau
L’eau des cascades, des ruisseaux,
A la lueur de lune grise…
A tous ceux-là et tous les autres,…
Les grisonnants vêtus de gris
Le sac rempli de petits gris,
Les grises mines et leur marmaille
Gris-gris à bord de leur grisaille,…
Sachez que, là-haut, en hiver,
Telle une palette arc en ciel,
La Chartreuse déploie ses ailes
De nuances, pour nous griser
De son rire d’éternité.
20.01.2021 Diane de Montlivault